mercredi 21 décembre 2011

Sostice d'hiver: la longue mémoire.




La flamme de Yul brûle sur sa tour d'argile.



Le temps de la plus longue mémoire est là, juste sous le regard, juste sous la parcelle de vie qui passe et qui ne reviendra pas. Un temps pour se souvenir, un temps pour parler au coin de l'âtre, un temps pour boire lentement le vin aux épices, un temps pour les projets en gestation, un temps pour penser le temps et goûter la vie. Si nous savons prendre ce temps.



Mais qui se soucie d'un solstice ?



Les idéologies monolithiques ont tout arasé; le temps mécanique est une valeur compulsive où les triples A font une loi d'airain qui accouche de monstruosités qu'une modernité a conçu dans son accouplement avec un monde désenchanté.



L'autre temps, celui des eternités et celui des instants qui font une mémoire, est emprisonné au coeur de grimoires poussiereux, tout plein des voix d'un Unique.



Ici ou là, pourtant, restent quelques flammes vacillantes. Solitaires et silencieuses dans la grande nuit.



A ces pinceaux d'une lumière eternelle, mes quelques mots puisque nul autre ne les entendra.



Ce soir ,ici , c'est une jeune femme arrondie de maternité qui a allumé la nouvelle flamme.



Je reste sur cette image puissante et je laisse de côté le reste.



Chacun de ces gestes est une reconquête de notre longue mémoire.

mardi 6 décembre 2011

Ici et maintenant

Hic et nunc.

Non pas demain ni sur une autre planète et encore moins dans une autre vie. Le temps que l'on pense, celui que l'on vit et celui qui, mécaniquement, mesure nos journées, nous rattrape et nous roule dans la poussières de nos rêves broyés comme la houle fait du coquillage un sable si fin qu'il s'écoule entre les doigts.

Ici et maintenant, sans masque et sans illusion, avec seulement la conscience de la forme d'un être au monde.

Lames affûtées, douleurs attendues et gestes précis. Non pas la révolution des masses qui tournent à l'abîme des serviteurs d'une idée mais la résolution de ne pas plier, de ne pas s'agenouiller même, s'il le faut, à rester seul ou une poignée. Parce que c'est une vraie raison que de changer de direction lorsque tout le monde va tout droit.

Et éclater de rire à la figure des raisonneurs ou à celle des ordonnateurs des bonnes consciences.
Pourquoi passer sous les fourches caudines des financiers ?
Pourquoi adherer aux lubies des faiseurs d'opinions ?
Pourquoi s'obliger à la paraplégie mentale ?
Pourquoi avoir peur ?

Parce qu'ils peuvent ordonner la violence légitime ?

En quoi la notre serait-elle moins légitime ?

Le seul vrai droit est celui qu'un homme défend, la hache à la main et ses fils à ses côtés (Ernst Jünger). Tout le reste (y compris la religion des "droits de l'Homme") c'est du blabla qui n'a servi qu'a une seule chose au cours de ces quelques derniers siècles: faire payer toujours plus d' impôts au plus grand nombre pour qu'une minorité vive dans le luxe.

La coupe est pleine.

Je boirai mon propre calice jusqu'à la lie,c'est mon problème, mais pas celui des autres et encore moins celui que l'on me présente chaque jour comme une nécessité.

...Wenn alle Brüder schweigen und falschen Götzern traun
Wir wolln das Wort nicht brechen, nicht Buben werden gleich...
Max von Scheckendorf 1814
Guerre de libération

lundi 28 novembre 2011

Tonnerre

Un jour tout sera clair et chaque chose, chaque élément reprendra sa place et ce jour là, nous pourrons sourire à la tempête qui hurle et au soleil qui se lève parce que nous saurons que le temps qui vient ne sera pas celui de l'amertume.

Ce jour durera-t-il une éternité ou simplement quelques heures? Cela n'a pas d'importance. Parce que nous aurons franchi les portes de la peur qui nous fait ce que nous sommes, alors le goût de la vie sera différent. Nous aurons laissé nos défroques rapiécées aux mains des théologiens et des raisonneurs qui nous poursuivent; nous pourrons nous tenir face au vent en goûtant la morsure froide et la bénédiction de la pluie qui fouette nos visages.

Ce jour sera un jour où l'on entendra le grand rire d'un dieu dans le tonnerre.

Un jour le rêve crève la surface mortifère du quotidien fatal. Bien des regards passent outre, préoccupés de leur soucis qui, quoi qu'il en soit, les mènera au résultat final de l'immense sommeil éternel. D'autres regards sentent que là un air pur, puissant et généreux s'écoule en bourrasques.

La vie est trop brève pour la considérer depuis les horizons inconnues de l'au delà de l'ultime colline.

Le vent, le soleil, la pluie, le feu. Et le tonnerre.
Ainsi je réponds lorsque l'on me demande "quel dieu pries-tu ?"

jeudi 24 novembre 2011

Le règne des Barbus


Ici ils font circuler les femmes sur un trottoir et les hommes sur l'autre (à Jérusalem, quartier orthodoxe), là ils pendent ou lapident une femme pour adultère (Iran), là encore ils jugent "Martine" pornographique parce que l'on voit la culotte de la petite fille (revue Fideliter, France), autrefois ils ont rasé les temples des païens et puni de mort ceux qui s'obstinaient à rendre un culte aux anciens dieux, ils pensent ici que leur dieu lui même leur a donné une terre parce qu'ils sont "élus", ils se sont massacrés les uns les autres pour des virgules dans des texte obscurs et au passage ont éradiqué des peuples qui avaient d'autres croyances.

Ils boivent tous à la même source d'une eau qu'ils fabriquent, celle qui porte leur Vérité, alors que le vrai est une eau limpide qui jaillit du rocher. Et leur règne se fonde par la domination sur la femme qui a le tort, à leurs yeux, d'être celle qui porte simultanément la volupté et la naissance. Et nombreux sont ceux qui tueraient leur père pour le punir d'avoir "connu" leur mère.

( D'ailleurs Je n'entend guère les hurlements des féministes. Peut être parce qu'elles sont aussi abreuvées à cette source d'une Vérité que l'on détient qui induit l'incapacité à penser que d'autres peuvent avoir raison dans leur mode de penser le monde.)

La force des Barbus tient dans leur capacité à générer un discours qui enflamme les jeunes esprits épris de grandes choses, d'absolu et d'ardeur.

Mais leur faiblesse réside dans les contradictions internes et les arguments circulaires de leur Livre et ... dans la curiosité qui anime l'esprit humain.

Pendant des centaines de milliers d'années les hommes ont vécu sans les Barbus. En moins de deux mille ans les Barbus ont changé la face du monde. Ils ont fait croire aux humains que la Terre était à eux.

Mais la Terre n'appartient à personne. Et dieu, s'il existe, n'a nul besoin des Barbus. Ce sont eux qui ont besoin de lui.

Le règne des Barbus s'achève. Le grand Pan est de retour.


jeudi 17 novembre 2011

Detresse



En fait il n'y a rien dans le miroir. Et ceci est vrai pour chacun, aujourd'hui ou demain.

L'atomisation des vies va de concert avec l'agressivité de la modernité. En réponse les esprits et les coeurs se ferment en esperant sauvegarder un micro-espace de survie.


L'existence est devenue simultanément plus facile dans ce qu'elle a de trivial mais extrèmement épuisante au regard de ce qui devrait être le sens. La pression atteint le niveau où elle ne peut se résoudre qu'en pathologie physiologique ou psychique. Avec en prime l'incapacité réelle à atteindre une porte de sortie hors des illusions de fuite en avant.


A quoi se résume la vie d'un homme en ce siècle: travailler non pour vivre mais vivre pour travailler; et travailler pour consommer au pire, au mieux en espérant d'atteindre à la mirifique retraite ( mettre en parallèle ce qui est donné et ce qui est reçu pour un marin-pêcheur ou un couvreur par exemple...) et la fin biologue au coeur du marché de la gérontologie.


La "création de richesses" a remplacé le ryhme des saisons et les cadences de production effacent toute notion de convivialité dans l'ouvrage, et l'ouvrage lui-même.


Tout le reste découle de cette réalité: les enfants qui s'éloignent, l'incapacité à partager une passion, la mort du désir, l'immense detresse que génère la solitude et l'incompréhension pour celui qui refuse d'entrer dans la danse; mais également la violence sociale, les affairismes divers et jusqu'à la destruction de l'éco-système.


La seule lumière à l'Est de l'avenir (vent d'Est, vent divin) est bien que rien de resiste à la modernité y compris elle-même.


Wir sind die Komenden !

mardi 18 octobre 2011

Le vent dans les voiles



Une part de soi s'achève. Ce qui a été donné ne nous appartient plus; c'est pourtant encore notre présence au monde qui va vivre son temps propre.


Contrairement aux expositions d'artistes en "happening" sur les pelouses d'un parc, la création n'est pas gratuite au sens où elle n'est que création; ceci c'est de la foutaise, des carrés blancs sur des toiles blanches.


Creer c'est donner à voir ce qui est au fond de chacun, avec des mots ou des gestes, de la matière et des efforts mais que d'autres ne savent pas ou ne pensent pas savoir exprimer.


Le vent dans les voiles est le souffle qui m'anime.


Elendil prendra le vent; et rien ne retiendra la révolte. Même si elle reste silencieuse.


lundi 10 octobre 2011

Tristesse

Elle respire la tristesse; non, c'est la tristesse qui émane de son être.

Elle se montre sous un jour actif voire activiste, trés fonceur, trés entreprenant.


Mais au fond de ses yeux il y a autre chose. Comme des promesses jamais tenues, des rendez vous manqués et, par dessus tout, la conscience que rien ne viendra changer la donne.

La structure mentale est trop ancrée dans les certitudes de la foi, les habitudes trop encadrées de barbelés moralisateurs et du poids des nécessités trop lourdes pour ses épaules.

Les ailes noires planent là, juste au dessus. Et il n'y aura personne pour les effacer à coups de chevrotine d'un grand rire façon grand Pan.

Les dentelles et la bière ne sont pas au menu lorsque l'on abandonne son libre arbitre aux serviteurs, barbus ou non, d'un dieu unique quelque soit son nom.

Quelle blessure profonde ?

Je gage pour le viol licite. Celui dont personne ne parle. Celui qui fait l'épousée objet de la toute puissance de l'homme qui croit que sa virilité est d'honorer son épouse sans se demander si elle se sent honorée d'une façon ou d'une autre.

Il peut y avoir un goufre entre mariage et amour. Et une immensité entre sacrement et réalité.

Les religions instituées n'ont ni déesse ni dieu pour dire l'eros.

D'où la tristesse.

dimanche 21 août 2011

Sculpter


Les mots sont la matière, l'esprit est l'outil.
Mais est-ce vrai ?

L'esprit est la matière, les mots sont l'outil.

Comme la sculpture qui reste sur l'établi ou dans un coin de l'atelier parce qu'elle n'a pas franchi l'ouverture des regards qui enveloppent, l'esprit reste à l'ombre des jours lorsque nul verbe ne vient le reveler à la lumière.

Ceci pour une brève eclipse.

Il est temps de passer outre.


mardi 26 juillet 2011

Révolte


La révolte, la mienne, est en marche. M'importe peu que celle des autres suive.

Les femmes pendues ou lapidées en Iran pour "adultère", les assassins d'enfants ou de femmes en liberté, les coupes à blanc dans les forêts du Canada ou de Russie, les américains qui tuent pour du pétrole, nos bouffons gouvernants qui dilapident notre sueur et tout en bas les gens qui triment pour des salaires de misère.

Widerstand.

Mon drapeau est noir comme la colère et rouge comme le sang de la vie.

La révolte est comme le vent; rien ne peut l'arrêter.

lundi 25 juillet 2011

Les étoiles d'un sourire


Un rubis profond au parfum de mer, le vin de Paulilles rend en mille éclats de saveur et de gaieté tout ce que le travail des hommes a donné pour le faire naître.

Un regard qui se pose sur l'oeuvre qui s'élève à la force des bras, entre acier des outils et fibres de l'arbre - si fragiles lorsqu'elles sont détachées mais si puissantes lorsqu'elles restent assemblées au coeur de la poutre - et qui voit ce qu'il y a au delà du travail.

Un mot juste.

Un peu d'onguent sur les mains déchirées.

Un verre offert.

Une main d'enfant qui se tend pour aller un peu plus loin.

Il y a des sourires.
Il faut parfois déchirer les nuits profondes pour les voir.

L'ultime colline


Elle aura la forme d'une vague.
Parce que rien ne retient celui qui a largué les amares. Dans les tavernes du port on ignore son âge, son rêve, ce qu'il fait.

Le monde nucléarisé ne l'est pas que par les bombes ou les centrales. Il l'est aussi par la destruction totale du lien. Effet collatéral dira-t-on. Non effet direct. De la "créature" face à un dieu tout puissant à l'oubli des liens réels il n'y a que le pas de la modernité et celui de la technologie.
La connection à "face de bouc" remplace la prière devant un ciel vide mais l'effet est le même.

Le plus beau des cadeaux que l'on puisse faire à un homme qui franchi le demi siècle c'est bien de l'oublier. Il n'en sera que plus déterminé et il voyagera bien plus léger pour la dernière étape.

Non, vraiment. Je ne reviendrai pas en arrière.

jeudi 30 juin 2011

Veille

On entend mais on n'écoute pas.


On regarde mais on ne voit pas.





Le temps n'a que l'épaisseur des multiples choses inutiles qui le remplisse.



C'est pourquoi je marche lentement. Je suis descendu du train. Je n'y remonterai pas. Le monde qui est là, je ne lui reconnais aucune valeur; il n'a pour lui que la violence des pouvoirs légitimes et des nécessités fabriquées.


De loin en loin je perçois l'ultime colline; elle aura pour moi la forme d'une vague. Et la proue qui s'y engoufrera aura le bec acéré de l'aigle mais aussi son vol loin au dessus des mondanités.






mercredi 22 juin 2011

Immensités

Entre les laisses de mer, sur des feuillets roulés dans une bouteille, il y avait des mots.


Mais qui s'interesse aux mots ?

"Ecrire, c'est hurler en silence".




lundi 20 juin 2011

Sostice

Les fils de trame, les fils de chaîne; le dessin des heures tissées de nos actes , de nos pensées, n'est pas tracé par avance.





D'un jour à l'autre, le soleil se fait plus fort ou plus absent, les goutes de pluie sont fines ou lourdes, le ciel est d'un gris de plomb ou d'un bleu sans limite.


Il n'y a rien d'écrit, rien de preparé, rein d'ordonné. Il y a seulement l'immense danse des saisons, les eternels retours des nuits courtes et des plus longues obscurités de l'année.


Nous sommes exactement ce que nous avons fait et ce que l'on a fait pour nous; en ombre et en lumière.


Les dieux sont vrais seulement s'ils disparaissent à leur tour; non pas mortels mais oubliés. Le grand dieu de "l'Alliance" est une réponse rationalisante à la seule vraie question : pourquoi y-a-t-il quelque chose plutot que rien ou dans un autre point de vue, la forme d'une réponse au seul vrai don purement gratuit, celui du soleil.


Le solstice est l'instant de l'année où nous pouvons voir notre eternité; nous venons du fond des âges, de ce qui a toujours été et nous allons vers ce qui sera toujours; peu importe l'humain, alors, s'il ne sait plus chanter le don parfait.


Du sommet des tours d'acier et de verre il ne tombe que des larmes d'acide.


Les blés alentour sont mûrs; les framboises sont douces sous la langue. Les foins fauchés exalent leur parfum enivrant. Sur la treille les grappes promettent un vin abondant.


Mais dans le feu de la forge nous affûtons nos lames.


Sol Invictus. Le seul.

lundi 6 juin 2011

La compassion

Est-eiie d'un autre âge ?

Un mot, un geste, peut être seulement un regard mais celui des yeux qui portent ce que porte l'esprit sinon l'âme.
La compassion, la sympathie selon le terme (qui partage la douleur), a déserté les routes.

Non.

Elle en a été chassée par la pensée de la compassion, par l'illusion qui se paye de reflexion et par toutes les logorhées qui font croire que penser c'est faire et que l'intention suffit à donner à la réalité une autre couleur.
Un mot change une journée, un geste modifie une atmosphère. Tout le reste se perd dans les nuées.

Ce geste que l'on attend, ce mot que l'on espère.

Lorsqu'ils ne viennent pas les terres "gastes" s'étendent à l'infini.




vendredi 27 mai 2011

La polysémie des silences

Comme toute chose le silence s'habille de parures scintillantes ou d'oripeaux de miséreux. Il peut être le manteau des rois lorsqu'il porte dans ses plis le repos de l'esprit, la tranquille évasion vers des univers interieurs ou les profondeurs des prières vers l'infini.





Mais il peut être aussi ce manteau empoisonné jeté sur les épaules du héros, poison qui ronge les chairs de l'âme jusqu'à ne laisser qu'ossements blanchis ou douleurs qui tordent les entrailles.



Lorsque les mots pour le dire ne sont pas là, lorsque juste un silence vient à l'oreille alors qu'un seul mot, une réponse, un compliment, une critique argumentée, presque n'importe quoi, pourrait changer la face du jour, alors la messe est dite.


Il convient de s'en retourner à l'autre silence. Celui qui ouvre vers les horizons que l'esprit dessine sur la trame des jours.

Le silence n'est pas une vérité ni un état de béatitude. Il y a des silences qui tuent et d'autres qui font vivre. Mais ce n'est pas une révélation; c'est ce que chacun peut constater pour chaque chose.



dimanche 15 mai 2011

le rouge et le noir

Des lettres d'airain sur les frontons des édifices, des lois inscrites dans le marbre des tables révélées, des exigences et des devoirs... Mais toujours un pouvoir à l'oeuvre. Pouvoir du prêtre qui contrôle les corps parce qu'ils sait que les esprits lui sont fermés, pouvoir des institutions qui ordonnent les esprits parce que les corps sont innaccessibles. Mais au bout du compte que reste-t-il ?

Le rouge et le noir de la colère, le rouge et le noir de la révolte, le rouge et le noir des amertumes et des ressentiments.

Les mots d'airain ne sont que du métal, le marbre n'est que de la pierre.



Les systèmes sont à bout de souffle, les idéologies donnent encore les réponses comme des phares de signal qui s'épuisent. Dieu est mort depuis longtemps, mais il ne le sait pas, et les colonnes du temple ont été remplacées par les étais d'une vérité qui n'a pas plus de fondement que les autres ("il n'y a pas de vérité, seulement des forces et des appels").


Il reste le rouge et le noir. Comme le vent que rien n'arrête.


Un soleil rouge éclaire la nuit qui commence, ou qui s'achève.

dimanche 2 janvier 2011

L'ultime colline

Il y a ceux qui disent "Poussière tu es poussière et tu retournes à la poussière". Moi je dis "Tu es lumière et tu retournes à la lumière".
Un homme "c'est un peu de cendres et beaucoup d'eau" mais un homme ce sont des mots et des gestes d'une vie entière.
Qu'est-ce que l'on retient ?
Qui juge ?
Qu'apporte le jugement lorsque tout est consommé ?

Des heures, des journées, des années à sauver et à prendre soin des autres.
Des heures, des journées, des années à prendre soin de ce qui pousse.
Et toujours le verbe haut et cette mémoire des choses et des gens. Il y avait de l'ancien temps en lui. Ce temps d'avant la machine qui se souvient à notre place. Des rancunes tenaces et des amitiés rudes comme le roc. Et toujours cette envie d'expliquer et de comprendre.

Il a franchi l'ultime colline pour rejoindre les hautes terres. Celles où les lactères délicieux poussent en abondance sous les sapinières, celles où les truites arc-en-ciel filent en un éclair dans l'eau fraîche et pure et celles où une Deux-chevaux jaune va de Fontestorbe à Camurac, de Montségur au plateau de Sault, dans le récit vivant et coloré d'un pays et d'une histoire qui furent siens.

Chacun de nous est le fruit d'une longue histoire qui vient du fond des âges. Et j'aime à me dire que celui qui est couché là a été, et sera, pour moi la véritable clef des champs.

In memoriam du Pellat, mon oncle du fond de ma mémoire.