Ensuite on essuie son regard comme le font les myopes avec les verres de leurs lunettes. Non, c'est toujours là. Dans le cinémascope de l'existence, un des projecteurs n'est plus synchronisé. Mais l'image est tellement dense qu'il faut un effort pour trouver ce qui a changé.
Et là, on se dit que c'est impossible. Qu'il manque quelque chose pour tout expliquer. On se prend à chercher des raisons, des explications raisonnables. Elles se laissent trouver par dizaine, mais jamais tout à fait équilibrées.
Cela devient lancinant. Le regard achoppe maintenant sur ce qui cloche et cherche d'autres détails, d 'autres brins d'herbe. Et ceux ci deviennent évident.
Et puis un jour, au détour de l'anodin, tout devient clair. Les projecteurs sont à nouveau synchronisés.
L'improbable s'est produit. Juste là sous nos yeux.
Il ne reste plus qu'à s'asseoir avec un verre de très bonnes bulles ou tout autre liquide ambré.
L'improbable est toujours de l'ordre du possible.