samedi 15 août 2009

Un royaume de la conscience

Ce que nous sommes est dans notre esprit, notre coeur et nos mains. Pas dans les livres poussiéreux ni au sein des colloques de sages incapables d'assurer leur propre survie dans un monde hostile.
Le guerrier qui prend la garde haute, la position "di falcone" est prêt. Il n'a pas besoin d'une conscience toute exterieure pour savoir ce qu'il a à faire. De même que l'artiste qui affronte la matière qui resiste à ses efforts mais dont il exprimera tout de même sa sensibilité au monde.
Dieu n'est pas dans les grimoires ou au fond des tabernacles, pas dans les sourates ni dans les prêches du dimanche. Il est dans notre aptitude à faire le bien alors que nous pourrions faire le mal.
Le bien c'est ce qui augmente la vie, le mal c'est ce qui la réduit. Mais chacun possède son propre bien. C'est pour cette raison que l'affrontement appartient au socle de l'existence. Comme l'amour ou le goût du beau.
Notre royaume de la conscience, nous le portons en nous. Libre à nous de le faire venir en pleine lumière.

vendredi 14 août 2009

Eros

Les tenants de l'intelligence sur papier glacé, les mêmes qui grattaient autrefois des velins, ont introduit dans nos vies le règne de l'idée. Lorsque l'on a entre les mains la seule matière des mots, il faut bien se donner l'impression que l'on ordonne quelque chose qui soit difficile afin de justifier le statut social, au dessus des vrais maîtres de la matière, forgerons, charpentiers, imagiers. Mais comme les mots sont compréhensibles (un chat est un chat et un mont de Vénus n'est pas une montagne...) tant que chacun les entend selon leur sens, pour paraître indispensables, les gratteurs de papier mort-né ont introduit le règne des idées. Platon l'a emporté sur Aristote.
Ainsi ont-ils brodé sur l'amour. Etrange mot qui recouvre d'un pli pudique une immensité que nul ne contrôle mais qui ne pouvait rester en l'état de terre gaste. La grande conquête rationalisante s'est appliquée à ce sujet.
Pourtant des jambes en l'air à la tendre caresse affectueuse, de la complicité d'une fratrie à celle d'une communauté, de la passion d'un jour à une vie entière, Eros est à l'oeuvre. Mais il n'est jamais seul. Eros appelle toujours un autre regard, celui d'une déesse.
Mais Eros n'a pas, n'a plus bonne réputation. Ceux qui ont glosé sur l'amour pendant des siècles ont dépouillé la chair pour garder l'esprit. La religion chrétienne( et ses pareilles en monothéïsme), est la seule religion (si c'est une religion, ce qui reste à prouver lorsque toutes les racines et toutes les survivances païennes en sont écartées) qui n'a aucune figure pour celebrer la joie des corps, la joie des fraternités et celle des constructions d'un couple au quotidien. Un mot, le Dieu unique, veut tout dire; donc il ne dit rien. Lorsque tout est blanc plus rien n'est blanc.
Eros est condamné au trottoir. En bas résilles au mieux, en commerce de crudités violentes au pire. Pourquoi ?
Chercher la femme dit le peuple. Cherchez la femme et vous trouverez la réponse.
Le monde chrétien a détruit le statut de la femme de l'ancien monde. Les agacés de la chair craignaient trop sa puissance créatrice et libératrice de toutes les entraves pour la tolerer dans leur monde.
Aujourd'hui, nous payons toujours cette traite sans provision.
Lorsque la femme portera à nouveau à la ceinture les clefs de l'ordre, alors les hommes redeviendront des hommes.
Le règne du "beauf " qui maltraite une femme est directement issu de cette société fondée sur une religion où la femme enfante sans rapport amoureux et où elle reste vierge.
Eros appelle Vénus, Aphrodite, Gaïa, Diane, Artémis, Athéna, Démeter et toutes ces figures qui font que la femme peut être multiple: amante, mère, épouse, guerrière, créatrice, redoutable, douce, maternelle, séduisante, sage et porteuse du seul regard qui peut donner à un homme d'aller au delà de lui même.