lundi 7 septembre 2009

Phantasme

La chair et l'ombre.
L'esprit dessine ce que le regard ignore. Le désir, la tentation, la gourmandise, le goût, les parfums et le soyeux, la pulpe et la courbe esquissée sous le voile.

L'érotique de la fleur de peau que le monde pudibond, puis soi-disant libéré, a réduit aux ersatz de la pornographie est cette caresse douce du vent ou celle d'un pétale qui donne à la finesse d'un geste toute une palette de saveurs complexes. Comme celles d'un vin puissant mais pourtant si chargé d'arôme qu'il faut pour le goûter vraiment toute la patience d'un gourmet et toute la vigueur d'une vitalité bien charpentée. L'ivresse sera bien là mais elle sera celle des saveurs. Du phantasme vécu en toute conscience au rut des automatismes de nos quotidiens carcéraux, il y a toute la distance qui sépare la chair offerte de la chair prise.
Les petits marquis se pâment et les goinffres s'étouffent.
L'équilibre est ici, tout aussi bien qu'ailleurs, la source du plaisir.
Combien d'hommes et de femmes le savent-ils ? La beauté et la joie vont ensemble lorsque le goût de la chair et celui des images se conjuguent; lorsque l'immédiat et le toujours se trouvent sur la même clef d'harmonie.
L'image n'est qu'une image, certes. Mais elle est aussi autre chose. Une forme que notre être au monde peut prendre et conserver dans sa mémoire vivante. Pour ne pas oublier que nos êtres de chair se nourissent de chair. Et dans ce monde de la "mal-bouffe", il faut aussi prendre soin de ses phantasmes. Pour qu'ils viennent orgueilleusement à la lumière du jour.