mardi 3 janvier 2012

Rêve





J'ai courru longuement pour echapper aux ombres; maintenant je marche pour reprendre souffle.



Il y a une allée un peu plus loin et un petit pont qui enjambe d'une seule foulée une rivière nonchalante.



Le long de l'allée, arbres jeunes et vieux et champs de blé en épis sous un vent leger.





Je laisse un regard sur un étrange monument de bois tout en cercles et en croix. La maison immense est un peu plus loin. Une lourde porte qui rougeoie encore de cette ancienne couleur sang de boeuf.



Elle s'ouvre sans bruit.





Un escalier d'apparat. J'imagine la caresse des taffetas sur des jambes nues et j'entends les pas qui virevoltent au quart-tournant monumental.



Je ne me cache pas. Il n'y a personne mais pourtant une présence m'accompagne.



Long couloir avec, au nord, ses fenêtres en archère où la lumière de ce midi ne laisse poindre que la clarté et non la châleur.



Je pousse une porte. Chambre. Immense. Juste un lit et un chevet et sous la fenêtre, au sud, que les contrevents tamisent, une table et un siège d'écriture.




Elle dort. Comme à son habitude sans doute à cette heure du jour sous ces latitudes. Lovée comme la délicatesse au creux de ses voiles legers.



Je m'approche, je respire son parfum. Son visage repose d'une quiétude lointaine.



Je n'en veux ni à son âme ni à son corps.



Je me retire en silence. Dehors le soleil a fait place à de sombres nuées.



J'osculte le ciel. Il me faut déjà reprendre ma course. Les poètes sont maudits.

2 commentaires:

  1. Les poètes sont maudits...
    Quid de la femme en chacun de nous si personne de la réveille?

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  2. Quelle femme ? La geisha du Japon, la paysanne du fond de la Russie, la petite bourgeoise versaillaise, la red neck américaine ? Ou chacune dans une même présence au monde ?
    Ne peut être éveillé que celle ou celui qui le souhaite.
    La femme est selon le regard qu'elle souhaite que l'on porte sur elle, tout comme l'homme. Il n'y a pas d'autres communications possibles que celle qui est compréhensible. Le fond de l'âme est toujours à l'abri de l'altérité.
    De la nature donnée aux dentelles sophistiquées, les registres sont multiples.
    Le féminin et le masculin se réveillent l'un à l'autre. Encore faut-il les accepter comme tels.
    La femme peut être réveillée si l'homme est accepté comme eveilleur. Mais quels hommes sont-ils des eveilleurs et quelles femmes veulent-elles être éveillées ?
    La modernité est passée par là. L'érradication du "vir" entraine l'effacement des figures du féminin: Athena, Aphrodite, Diane ...

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